Le vent : une solution d'avenir pour des navires bas-carbone

Aujourd’hui, 90% des échanges de marchandises au monde sont réalisés par le transport maritime qui représente 3 % des émissions mondiales de GES. Cependant, selon l’OMI (Organisation Maritime Internationale), ce chiffre pourrait être multiplié par 6 d’ici 2050 et passer à 17% des émissions totales de GES. Son objectif est de réduire de 50% ces émissions d’ici 2050 par rapport à celles émises en 2008 dans le secteur. De nouvelles solutions plus respectueuses de l’environnement afin de décarboner le secteur ont vu le jour : le GNL (Gaz Naturel Liquéfié) ou l'hydrogène, la réduction de la teneur en soufre, l'utilisation des nouvelles technologies pour optimiser le routage des navires et depuis quelques années l'utilisation du vent comme moyen de propulsion, notamment en France ou les projets se multiplient (Néoline, Zéphyr & Borée, Beyond the Seas, Airseas,...). 

A ce jour, plusieurs modes de propulsion vélique* se détachent : voiles, cerfs-volants (ou kites), ailes, rotors ou turbines.

Dans cette mouvance, Michelin participe au projet Wisamo (Wing Sail Mobility) et teste un premier bateau de transport maritime équipé d'une aile gonflable entièrement rétractable et automatisée qui pourra être installée à la conception du bateau ou en rétrofit sur des navires de plaisance, ou marchands comme des rouliers, vraquiers, gaziers et pétroliers. Si elle n’a pas vocation à remplacer totalement les propulsions déjà existantes, cette propulsion auxiliaire, sur le modèle des technologies hybrides, pourrait permettre des gains pouvant aller jusqu'à 20% d'économie d'énergie selon le spécialiste des pneumatiques. Wisamo peut fonctionner à toutes les allures. L'aile est conçue pour se déployer sur simple pression d'un bouton afin d'être accessible à des équipages réduits et peu aguerris aux techniques de navigation à la voile. A partir d'un concept breveté par Laurent de Kalbermatten, inventeur du parapente, et Edouard Kessi, créateur des voiles Black Sail, la technologie développée depuis 2020 consiste en une structure dotée d'une petite soufflerie permettant de gonfler la voile à basse pression (15 millibars) et un mât télescopique se déploie tandis que l'aile s'élève. Celle-ci peut se rétracter en 4 minutes pour passer sous les ponts, accéder aux ports ou s'adapter aux conditions climatiques.

Après une première série de tests concluants menés sur un voilier de Michel Desjoyeaux muni d’ailes de 17 et 47 mètres sur le lac de Neuchâtel puis à La Rochelle, Michelin a signé un partenariat avec la Compagnie Maritime Nantaise (CMN) qui a équipé un roulier porte-conteneurs, le "MN Pelican", d'une aile de 100 m² pour des rotations bi-hebdomadaires entre Poole (Royaume-Uni) et Bilbao (Espagne) dans le golfe de Gascogne, afin de tester le dispositif en conditions réelles en haute mer avec des conditions hivernales. Une fois ce test validé, l'équipe de Wisamo projette de réaliser des trajets transcontinentaux à l’aide d’ailes de 500 m².

* La propulsion vélique (ou éolienne) consiste à utiliser la force du vent comme moteur afin de propulser un bateau.